Le goût des pépins de pomme de Katharina Hagena

dimanche 16 janvier 2011
par  Colette PISELLA

Beau livre, traduit de l’allemand : le goût des pépins de pomme de Katharina Hagena, où le souvenir, les détails du passé nourissent le présent.

« Autrefois, nous nous installions souvent là - Rosemarie, Mira et moi. Quand nous étions encore toutes petites, c’étaient les secrets cachés sous les dalles qui nous attiraient, plus tard ce fut le soleil couchant. Cet escalier extérieur était un lieu merveilleux. Il appartenait tout à la fois à la maison et au jardin. Il était pris d’assaut par un rosier grimpant, et quand la porte d’entrée restait ouverte, l’odeur des pierres du vestibule se mêlait au parfum des roses. L’escalier n’était ni en haut ni en bas, ni dedans ni dehors. Il était là pour assurer en douceur mais avec fermeté la transition entre deux mondes. Ainsi s’explique sans doute la prédilection des adolescents pour ce genre d’endroit, leur penchant à s’installer dans des escaliers comme celui-là, à se tenir dans l’entrebâillement des portes, à s’asseoir sur des murets, à s’agglutiner à des arrêts de bus, à courir sur les traverses d’une voie ferrée, à regarder du haut d’un pont. Passagers en transit, consignés dans l’entre-deux. »
« Arrivée à destination, je filai à la cuisine, me servis un grand verre d’eau et ressortis m’asseoir sur une marche du perron où j’avais déjà passé un moment l’autre jour, en compagnie de mes parents et de mes tantes. »
« A présent, Bertha ne savait plus quel âge elle avait. Cela variait suivant l’humeur et les circonstances. Elle pouvait avoir huit ans, lorsqu’elle appelait Harriet Anna, ou la trentaine, lorsqu’elle parlait de son défunt mari et nous demandait s’il était rentré du bureau. Quiconque oublie le temps cesse de vieillir. L’oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire. Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures qu’en s’alliant à l’oubli. »

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