112 méditations tantriques. Traduction et commentaire de Pierre Feuga

dimanche 12 décembre 2010
par  Colette PISELLA

 

La pensée disparaît comme elle vient, tel un poisson qui jaillit hors de l’eau ou y replonge.
Les émotions suspendent et figent l’activité mentale.
La contraction des sphincters anaux (mûla-bandha) a pour but d’obliger l’énergie Apâna (celle qui règle notamment la fonction sexuelle) à remonter vers le haut par la Sushhummâ
Illusion et bonheur : 
79. Comme un spectacle de magie, comme une peinture ou un tourbillon, ainsi doit-on parvenir à percevoir l’univers, dans son intégralité : de cette méditation jaillira le bonheur.
La douleur du monde vient de ce qu’il est éphémère mais la beauté du monde aussi vient de ce qu’il est éphémère. Toute poésie naît de la menace de la mort. Il arrive parfois spontanément que la vie entière nous apparaisse telle qu’elle est décrite ici : peinte, inconsistante, splendide et dérisoire, vaine et belle, vaine parce que belle et belle parce que vaine. S’opposer au « tourbillon » des choses n’a d’ailleurs pas de sens : il est vainqueur sans qu’on y croit.
L’idée que le monde n’est qu’une œuvre d’art(toujours inachevée), un spectacle dont nous serions à la fois le metteur en scène, les acteurs et le public, ou un jeu entretenu par les dieux pour se délasser de leur perfection – cette idée ne consolera personne et fera au mieux sourire quelques-uns. Mais suffira-t-elle à procurer ce bonheur dont parle le tantra ? Pour accéder à celui-ci, il faut mieux que la philosophie douce-amère de l’homme qui a relativisé les choses et fait de nécessité vertu ; Il y faut une vision, une adhésion. Il faut être capable de dire oui au monde précisément parce qu’il nous fuit.
80 . On ne doit pas fixer sa pensée dans la douleur, on ne doit pas la gaspiller dans le bonheur. Connais toute chose au milieu des extrêmes, ô Bhairavî ; Car c’est bien là que la Réalité seule demeure.
Plaisir et douleur ont été tour à tour justifiés dans ce Tantra comme moyen d’illumination……. Ayant parcouru tout le champ d’expériences possible, le yogi s’installe dans l’immuable.
81. « Je suis partout » : c’est en réalisant cela que l’on se détache de son propre corps. Bien affermi dans cette vision, sans souci d’autre chose, on obtient le bonheur.
Le bonheur est lié au détachement et non à la possession toujours inquiète ni, comme en 80, au « gaspillage ». Être partout, c’est n’être nulle part, c’est n’être fixé sur rien, c’est même pouvoir s’identifier au corps d’un autre. Le détachement du corps n’a ici aucune tonalité ascétique : il est ouverture, liberté, joie sans limite.

Commentaires