François Cheng- de l’âme

samedi 10 juin 2017
par  Colette PISELLA

François Cheng- de l’âme

« Beautés subtiles ou sublimes, qui nous convaincra qu’elles relèveraient de combinaisons de hasard ? Ne voyons-nous pas que dès l’origine le désir de vie s’accompagne du désir de beau, prime signal de sens et de valeur ? Il y a l’^&âme du monde qui aspire à la beauté et il y a l’âme humaine qui y répond, par la création a&artistique à multiples facettes, par la beauté intérieure propre à une âme aimante et aimantante- beauté du regard, du geste, de la donation, qui porte le beau nom de « sainteté ». »

« Dans la vie courante, l’âme d’une personne transparaît dans son regard et s’exprime par sa voix. Deux organes, les yeux et la bouche, qui se concentrent dans un visage, lequel constitue le mystère incarné de tout être humain. »

« En exploitant les ressources phonique du français, j’ai eu l’occasion d’avancer des formules qui se voulaient « percutantes », telles que : « l’esprit raisonne, l’âme résonne », « l’esprit se meut, l’âme s’émeut », « l’esprit communique, l’âme communie », « l’esprit yang « masculin », l’âme yin « féminin ». ces formules, au risque de trop simplifier, ont peut-être le mérite de nous montrer le lien intime qui unit les deux, tout en soulignant ce qui est spécifique à chacun. »

« Tout passe par le corps ; « le corps est le chantier de l’âme où l’esprit vient jouer ses gammes », souvenez-vous de cette formule de la grande mystique Hildegarde de Bingen. L’âme garde mémoire de ce qu’a subi le corps. »

« Le lien entre l’arbre et l’oiseau semble naturel. Mais l’alliance de l’arbre avec les hommes est-elle assez prise en compte par nous ? Sommes-nous conscients que nous ne pouvons trouver dans la nature compagnon plus fiable et plus durable ? Cet être debout comme nous, qui depuis les profondeurs du sol tend résolument vers le haut, nous rappelle que notre être tient tout autant de la terre que du ciel. Prenant appui sur sa base de lave, d’humus ou de limon, il s’épanouit en un véritable entonnoir pour boire la pluie tombée du ciel et, venu de plus haut encore, pour boire le souffle lumineux dont tout l’univers est animé. Il arrive qu’au cœur du désert, ou à l’horizon d’une plaine, se dresse un arbre seul. Cela suffit aux nomades que nous sommes pour que nous ne nous sentions plus seuls, pour que la création ne nous semble plus vaine. »