Ecologiser l’homme – Edgar Morin

mardi 24 janvier 2017
par  Colette PISELLA


Ecologiser l’homme – Edgar Morin

« L’organisme d’un être vivant travaille sans arrêt pour s’automaintenir, dégrade son énergie. Il a besoin de la renouveler en puisant dans son environnement, et, par là même, il dépend de ce dernier. Ainsi nous avons besoin de la dépendance écologique pour assurer notre indépendance. Autrement dit, la relation écologique nous amène très rapidement à une idée apparemment paradoxale : pour être indépendant, il faut être dépendant. Et plus on veut gagner son indépendance, plus il faut la payer par de la dépendance. Ainsi notre autonomie matérielle et spirituelle d’êtres humains dépend de nourritures culturelles, d’un langage, d’un savoir, de mille choses techniques et sociales. Plus notre culture nous permettra la connaissance de cultures étrangères et de cultures passées, plus notre esprit aura des chances de développer son autonomie. L’autoéco-organisation signifie aussi, plus profondément, que l’organisation du monde extérieur est inscrite à l’intérieur de notre propre organisation vivante …....le rythme cosmique de la Terre sur elle-même, qui fait alterner le jour et la nuit, se retrouve aussi à l’intérieur de nous sous forme d’une horloge biologique interne......De même le rythme des saisons est-il inscrit à l’intérieur des organismes végétaux et animaux. ..... Ainsi le monde est en nous, en même temps que nous sommes dans le monde. »

« Il faut cesser de voir l’homme comme un être surnaturel, et abandonner le projet formulé par Descartes, puis par Marx, de conquête et de possession de la nature. Ce projet est devenu ridicule à partir du moment où l’on s’est rendu compte que l’immense cosmos, dans son infini, reste hors d’atteinte. Il est devenu délirant à partir du moment où l’on s’est rendu compte que c’est le devenir prométhéen de la technoscience qui conduit à la ruine de la biosphère et, par là, au suicide de l’humanité. La divinisation de l’homme dans le monde doit cesser. Certes, il nous faut valoriser l’homme mais nous savons aujourd’hui que nous ne pouvons le faire qu’en valorisant aussi la vie : le respect profond de l’homme passe par le respect profond de de la vie. » 1989

« Notre civilisation favorise non seulement l’individualisme, ce qui est une de ses vertus, mais aussi ses excès dans l’égocentrisme et l’hédonisme et elle désintègre les communautés concrètes. L’individualisme produit souvent solitude et égoïsme, et ses progrès se sont accompagnés de la régression des solidarités traditionnelles. Il y a aussi la désintégration du surmoi civique dans l’esprit de bien des individus. Quand il y a désintégration du tissu social, la société apparaît comme ennemie, et autrui devient antagoniste potentiel. » 2003

« Plus nous sommes incapables de traiter nos problèmes vitaux, plus nous approchons d’une catastrophe, plus nous approchons d’une possible métamorphose. Aussi l’espérance peut croître avec la désespérance. Le poète Hölderlin disait : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. »


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