Petit éloge des vacances – Frédéric Martinez

mercredi 4 mai 2016
par  Colette PISELLA


 

Petit éloge des vacances – Frédéric Martinez

« Il n’y avait pas d’école le mercredi et cette soirée exempte des contraintes du reste de la semaine, la perspective de passer la matinée du lendemain au lit, avec des jouets, des livres, de quoi dessiner et des albums de Tintin me transportaient de joie. C’était comme une veille de Noël qui revenait toutes les semaines. Nulle sonnerie, ni celle du réveil qui me jetait dans le noir de l’hiver, ni celle de la classe qui me mettait en rang sous le préau, ne viendrait me soustraire à l’appel de l’aventure ......... Le mardi soir, c’était en somme comme une survivance du temps d’avant qui déjà s’éloignait, un bastion de haute enfance campé face au réel, à sa marée montante qui bientôt couvrirait tout. Je l’attendais comme on attend la neige. Quand, à cinq heures moins le quart, sonnait la fin de la classe, j’enfournais à la hâte gommes, stylos et crayons dans ma trousse .... J’empoignais mon cartable et me ruais vers la sortie de l’école. »

« En vacances, le temps est nu ...... Cloîtrés dans nos demeures tapissées d’écrans, soumis au règne de l’immédiat, nous ne savons plus regarder ni sentir ; nous perdons l’habitude d’écouter, de goûter et de toucher........... .Les vacances requièrent une disponibilité du corps et de l’esprit dont nous prive notre quotidien vicié par un flux continu d’informations et de messages publicitaires. Tout nous enjoint de satisfaire nos désirs sans attendre ….. L’ennui est devenu l’ennemi public numéro un ; tous les moyens sont bons pour l’arrêter. C’est regrettable car il nous enseigne la patience nécessaire pour accueillir la joie. Les vacances nous permettent de retrouver ce temps plein dont nous dépouille la frénésie ordinaire, qui nous voue à la fragmentation. »

 



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