Pierre Rabhi - manifeste pour la terre et l’humanisme

mercredi 16 mars 2016
par  Colette PISELLA


Pierre Rabhi - manifeste pour la terre et l’humanisme

« Le paysan traditionnel attaché à sa glèbe et à sa charrue à traction animale cède la place à l’exploitant agricole capable de nourrir de plus en plus de concitoyens, équipé de ses machines, engrais, pesticides et semences sélectionnées. Le cheval animal disparaît au profit du cheval-vapeur. Le paysage modelé par des siècles d’aménagements selon le principe de l’équilibre agro-sylvo-pastoral, est peu à peu adapté au machinisme. Le productivisme aidant, les champs, après élimination des haies et bosquets, deviennent de vastes espaces dénudés pour une monoculture à la fois intensive et extensive. Ce qu’on appellera le remembrement est en réalité un véritable démembrement ou démantèlement des structures à taille humaine. »

« S’alimenter, pour la masse des populations, consiste à avaler de tout et toute l’année, à ingurgiter des denrées impersonnelles, anonymes, transitant clandestinement à travers les estomacs et les intestins pour assurer à son organisme – poubelle, sursaturé mais carencé, le fonctionnement métabolique dont l’économie a impérativement besoin pour sa survie. Et tandis que la friche s’installe partout, un carrousel permanent de bateaux, d’avions, de cargos, de trains et de camions font transiter et se croiser la nourriture de tous les points du globe. Cette chorégraphie délirante nous oblige à consommer des denrées anonymes ayant parcouru des milliers de kilomètres au détriment de celles que nous sommes en mesure de produire localement. Loi du marché oblige. »

« La plupart des citoyens mettent en avant leur incapacité à agir et rejettent toute responsabilité sur les États......... Si les citoyens n’ont pas conscience de leur pouvoir, c’est que la démocratie est en grand danger puisqu ’elle a été fondée justement sur le pouvoir du peuple.....IL est temps pour chacun d’entre nous de reprendre le pouvoir sur son existence et d’incarner une politique en actes : achats, déplacements, relations humaines, éducation des enfants, habitat............ Car la solution n’est pas de croire que le changement de structures, des dispositions écologiques....... vont sauver l’humanité. Nous pouvons manger bio, recycler notre eau, nous chauffer solaire et …... exploiter notre prochain ! Ce n’est pas incompatible ! Seul le changement individuel par l’éveil de la conscience nous sauvera. Il incombe à toute personne convaincue de cette nécessité de prendre librement en compte sa propre transformation. »


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