J.B. Pontalis - Avant

mercredi 17 juin 2015
par  Colette PISELLA


J.B. Pontalis - Avant

« « C’était mieux avant. » Combien de fois cela s’impose à moi comme une évidence, en toutes sortes de circonstances. Exemples, pêle-mêle, dans le précieux désordre du sac de ma mémoire, un sac où, comme dans celui des femmes, sont enfouis le futile aux yeux des autres et l’indispensable à leurs propres yeux. »

« Et maintenant, c’est maintenant. Et maintenant, c’est aujourd’hui, hier et demain. Nous autres, humains, nous ressentons et croyons que le temps passe, nous prétendons qu’il s’écoule et, plus nous vieillissons, qu’il s’écoule trop vite. Mais le Temps (avec une majuscule) ignore qu’il passe, il est immobile, il n’a pas d’âge.

J’ai comme chacun de nous tous les âges, si je cesse de découper le temps. »

« Toute mémoire est sélective. A chaque instant nous sélectionnons : notre attention est sélective, notre perception, comme le sont notre champ visuel, nos pensées, nos intérêts. Ce que nous admettons dans notre territoire est extrêmement limité, notre cartographie intime ignore des continents entiers. Notre mémoire, plus que toute autre fonction, choisit, rejette. »

« J’ai connu tardivement les œuvres de Caspar David Friedrich. Ce fut pour moi une révélation, comme si par lui je découvrais que toute la peinture, pas seulement la sienne, n’avait qu’une fonction : rendre visible l’invisible et permettre à notre champ visuel, si étroit, de n’avoir plus de limites. On n’observe pas un tableau, on le contemple pour entrer en relation avec l’inconnu »


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