Ch. Singer - les âges de la vie

mercredi 26 novembre 2014
par  Colette PISELLA


Christiane Singer- les âges de la vie

« S’abandonner à la dérive du silence. A cette discipline ancestrale des moines bouddhistes, nous excellions encore enfants. 

« Quoi ! Tu ne fais rien ! » Arraché à l’éperdue contemplation d’un nœud de bois dans la table, le petit de l’homme sursaute, pris en flagrant délit de méditation. L’osmose - qui s’était établie entre lui et la chose- peu importe laquelle – est détruite...........

Dans presque toutes les cultures existantes, cet état de vacance de l’âme est considéré comme essentiel dans la vie humaine et honoré comme antichambre de la connaissance. Dans nos contrées, les idéologues de tous bords s’accordent à condamner à l’unanimité cette « fuite devant la réalité ». L’ordre social, l’éducation, le travail, les congés, tout vise à faire du citoyen un « homme occupé », comme on le dit d’un pays envahi par une armée étrangère. »

« Ce que la méditation a de si suspect pour l’ordre social et économique, c’est qu’elle nous apprend à nous mouvoir ailleurs, dans un univers dont les richesses innombrables échappent aux circuits monétaires et marchands. »

« La jeunesse est l’ère de la « dépense », au sens où l’entendait Bataille, de cette démentielle prodigalité dont la nature , au printemps, donne l’exemple........Jeunesse et parcimonie sont antinomiques...............Ne conquiert sa patrie que celui qui lui tourne le dos. Séparé de tout ce qu’il a été, le jeune homme sait d’instinct qu’il doit pousser la séparation à son comble, rompre et se mettre en route. ….. A l’âge où la chèvre de Monsieur Seguin envoie dinguer son pieu et son enclos, l’âge des « semelles de vent », de « je m’en allais les poings dans mes poches crevées », il n’est rien qui puisse entraver la partance. La reconnaissance des égards et la fidélité sont les révélations de la prochaine étape. Chaque floraison a son temps. »

« L’adulte, dans un désir ardent d’agir, fait passer à ses rêves le cap de la réalité, forme, façonne, met au monde (enfants, œuvres, projets). Sa faculté de s’identifier corps et âme à sa tâche lui en confère les moyens. »

« Dans le dernier épisode de notre vie terrestre, deux violons mènent la danse : l’esprit et le pouvoir de l’imaginaire........ Celui qui, sa vie durant, a creusé le tombeau de son âme l’y couchera. Rien d’heureux ni de malheureux ne nous advient jamais dont nous n’ayons en nous préparé le nid. »

« Où que le voyage mène - et fût-ce nulle part - ne sommes-nous pas déjà gagnants, si les seuls préparatifs ont illuminé notre attente et notre vie ? »


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