le bonheur d’être soi - Moussa Nabati

mercredi 28 mai 2014
par  Colette PISELLA


Le bonheur d’être soi – Moussa Nabati

« Étant donné la malencontreuse et éternelle dichotomie entre le corps et l’esprit, le dedans et le dehors, il a toujours existé deux modèles de bonheur s’excluant l’un l’autre. Le premier, dionysiaque, est axé sur les valeurs physiques de confort et de plaisir, alors que le second, apollinien, s’oriente vers l’esprit et les qualités intérieures.... A l’heure actuelle, le courant dominant au sein des sociétés industrielles semble pencher nettement en faveur du modèle dionysiaque...... D’une certaine façon , ce modèle dionysiaque entre en écho avec le fantasme de paradis enfantin, celui de retrouver la béatitude et la félicité toutes-puissantes de la vie fœtale dans la matrice maternelle, où il n’existait nul écart entre la réalité et le rêve. »

« Tous les petits cailloux du jardin finissent, après quelques orages, par ressortir de la terre. Plus on vieillit et plus on se rapproche de son enfance, de ses origines, retrouvant intact tout ce qu’on y avait laissé en suspens. »

« Une multiplicité de désirs et leur satisfaction constante ne garantiraient pas la félicité. Tout est comme cela dans la vie : un peu d’eau désaltère, un peu de vin égaie, une petite flamme réchauffe, un peu de vent rafraîchit, un peu d’argent sécurise, un peu d’autorité rassure. Au-delà d’une certaine limite, la courbe s’inverse et l’on obtient l’effet contraire : trop d’eau inonde, trop de vin rend fou, trop de feu brûle.... »

« Nul ne peut s’exposer en permanence au soleil et à sa puissante luminosité. Ainsi le tristesse et la souffrance de façon générale remplissent, bien qu’elles soient entourées d’une forte négativité, une fonction positive, protectrice, qui consiste à limiter l’intensité, la quantité et la fréquence de la joie, des stimuli de jouissance, pour sauver le psychisme de l’implosion. Elles ont aussi pour vertu d’arracher l’individu à la léthargie en lui rappelant qu’il est humain, vivant et sensible, et non pas une machine programmée. »

« L’âme nécessite aussi le repos, le sommeil, l’oubli, la vacance, le vide, le silence, le dimanche ! »

« Disons d’abord que devenir soi n’est pas seulement un choix, un droit, voire un luxe réservé aux nombrilistes et rêvasseurs qui s’amusent à couper les cheveux en quatre, perchés sur leur petit nuage. C’est un devoir, une exigence intérieure « éthique » incontournable, quels que soient le sexe et l’âge. Mieux encore, devenir soi représente le seul projet et l’unique but sérieux, précieux, valable, supérieur à tout autre dessein, de la naissance à la fin de la vie. Non seulement il garantit aux adultes de pouvoir accéder pour leur propre compte, au bonheur que constituent l’autonomie psychique et la sensation d’être vivant et entier, mais de plus , il empêche les générations futures de s’aliéner, c’est-à-dire de réincarner fantomatiquement leurs ascendants, déçus d’eux-mêmes et insatisfaits de leur vie. »

« Si l’on est soi, on n’est certainement pas insensible et indifférent à ce qui se passe, mais on se retient de sombrer dans la panique et la psychose. Cela permet non seulement de moins souffrir, mais également de conserver sa vitalité et son optimisme afin de trouver plus aisément des issues positives. »

« Le désir émancipe, alors que le besoin emprisonne. L’autre ne représente plus une drogue dont on ne peut se passer, un médicament destiné à tromper la solitude. »


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