David Le Breton

jeudi 2 janvier 2014
par  Colette PISELLA


David Le Breton – marcher éloge des chemins et de la lenteur.

« Anachronique dans le monde contemporain, qui privilégie la vitesse, l’utilité, le rendement, l’efficacité, la marche est un acte de résistance privilégiant la lenteur, la disponibilité, la conversation, le silence, la curiosité, l’amitié, l’inutile, autant de valeurs résolument opposées aux sensibilités néolibérales qui conditionnent désormais nos vies. »

« La marche est une ouverture au monde qui invite à l’humilité et à la saisie avide de l’instant..... Elle procure une distance propice avec les choses, une disponibilité aux circonstances, plonge dans une forme active de méditation, sollicite une pleine sensorialité. Marcher est un long voyage à ciel ouvert et dans le plein vent du monde dans la disponibilité à ce qui vient. »

« La halte pour manger est toujours un moment de félicité, une sorte de récompense d’avoir si bien progressé. … Si elle est un partage de paroles et d’amitié, la nourriture est une suspension du temps, un moment de méditation, toujours une brèche pour s’arracher aux routines du quotidien. »

« Les émotions face à un paysage sont propres à chaque marcheur. Certains voient dans le désert ou les longues plaines une image du vide et de l’absence là où d’autres voient à l’inverse un espace propice à la méditation, à la solitude, à l’intériorité. Tout paysage est un test projectif qui dévoile une psychologie. »

« En Amérique du nord existent d’innombrables lieux dotés de pouvoir, et tributaires d’une longue histoire. Ce sont des espaces où les dieux et les hommes se croisent directement, transformant la terre ou les éléments en puissance. »

« Une marche au long cours, ou même de quelques jours, commence bien avant le premier pas. Elle se trame dans le rêve, l’imagination du parcours. Le choix d’une période, d’un lieu, de l’équipement, des livres et des ustensiles à emmener. »

« Ni la durée d’une marche ni son cadre ne sont la condition de sa puissance de transformation intérieure, elle dépend surtout de ce que l’individu lui-même fait de ce temps de disponibilité, d’ouverture, ce temps qui n’appartient qu’à lui, où il importe de savoir qui l’on est et où l’on va. Le monde n’existe pas en dehors du regard porté sur lui. »

« Tout chemin est d’abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas, il mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et parfois il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la transformation heureuse de soi. »


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