Marie de Hennezel, Bertrand Vergely : une vie pour se mettre au monde

jeudi 24 octobre 2013
par  Colette PISELLA


Marie de Hennezel, Bertrand Vergely : une vie pour se mettre au monde

« Stephane hessel n’a pas peur de la mort. Au contraire, il la désire. Mais pas d’une façon désespérée et morbide, non « Je désire mourir comme je désire vivre. » Vivre et mourir sont pour lui une seule et même chose. Et s’il n’est pas croyant au sens religieux du terme, il croit comme Rilke qu’il cite souvent, à l’Invisible. La mission de l’être humain serait pour lui de « butiner l’or du visible pour en faire de l’invisible. Nous sommes des abeilles de la vie. Nous butinons l’or du visible, le miel du visible pour en faire de l’invisible. » Autrement dit, si nous vivons notre vie pleinement – butiner le visible-, si nous sommes pleinement vivants, nous construisons notre être invisible. Quelque chose en nous ne meurt pas.

Nous savons donc qu’il n’est pas utopique d’envisager le vieillissement, non pas comme un naufrage, mais comme une avancée de lumière. »

« Enfin, on peut apprendre à penser. Il suffit pour cela de vivre en apprenant. La vie nous lance des messages. Ecoutons-les. Les autres nous lancent des messages. Ecoutons-les. Notre cœur , notre corps nous lancent des messages. Ecoutons-les. Il n’est pas difficile de penser. Il n’y a qu ’à ne rien faire sinon écouter. La parole naît du silence. La pensée aussi. »

« C’est la pensée qui rassemble les morceaux épars de notre vie pour en faire une vie et non des morceaux épars. »

« La vie humaine est une flèche envoyée vers l’avenir. Elle est irréversiblement envoyée vers l’avenir et plus elle vieillit, plus cette destinée se précise. D’où le mystère de la vieillesse. Celle-ci nous dit deux choses. Le déclin bien sûr, mais aussi une ascension . Quelque chose d’essentiel, de décisif est en train de se jouer, quelque chose de vital. Tout ce qui est important dans la vie relève de « l’aller-simple ». L’amour, quand il est amour, est un « aller-simple ». Il ne cherche pas de retour. La vie humaine, quand elle est authentique, ne cherche pas de retour non plus. Elle se veut sans excuse. Elle est un « aller simple ». il y a quelque chose de radical dans la vie. Nous venons de cette radicalité. »

« Ce qui change, c’est ce qui se transforme. Ce qui se transforme, c’est ce qui dure en prenant une autre forme, c’est ce qui s’enrichit. C’est ce qui augmente. Nous vieillissons, mais nous augmentons notre mémoire, notre expérience. Notre être intérieur. La vie est un échange. »

« L’orient … pense avec la faiblesse. Il n’oppose pas le fort au faible, comme nous le faisons, ni le vieux au jeune. Il pense qu’il n’y a pas de fort sans faible ni de jeune sans vieux. Il faut s’affaiblir si l’on veut pouvoir se renforcer. Il faut vieillir si l’on veut pouvoir rajeunir. Il faut devenir vulnérable à l’absolu si l’on veut pouvoir rentrer dans ce monde. Ainsi fait la vieillesse qui se fragilise en apparence. Elle maintient l’équilibre du monde en se verticalisant dans l’invisible. »


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