Tim Parks – Rêves de fleuves et d’océans

lundi 19 août 2013
par  Colette PISELLA


Tim Parks – Rêves de fleuves et d’océans 

Livre un peu dérangeant. C’est vrai que l’Inde est fascinante, c’est vrai qu’on perd ses repères, que ce pays se joue de nos conventions, les siennes sont différentes et nous concernent peu en tant qu’occidental. Mais de là à favoriser le suicide professionnel.....

Des passages, où le vécu pour ceux qui y sont allés au moins une fois, se mêle à la fiction :

« Dehors, malgré la température plus fraîche, il retrouva la même lumière diaphane et étincelante qu’il avait gardée en mémoire de ses précédents voyages en Orient, la même senteur aigre dans l’air, le même curieux mélange de circulation frénétique, de tambouille de trottoir, d’animaux alanguis et de mendiants tenaces. Je travaille trop dur, pensa-t-il cette balade lui remettrait les idées en place. »

« Paul comprit que ce qui l’avait le plus attiré, peut-être inconsciemment, dans les idées d’Albert James, c’était l’invitation au suicide professionnel : convaincu, comme l’était manifestement James, qu’il était vain de chercher à influencer le monde, de le convaincre d’une chose ou d’une autre, que l’on pouvait se détendre et lâcher prise. Paul avait conscience d’avoir toujours mis son énergie à essayer de persuader les autres, sur le plan professionnel ou privé. Il avait conscience également, d’essayer de séduire les lecteurs quand il écrivait ; Il fallait qu’ils succombent à sa façon de voir les choses. Et il était ambitieux. Au bout du compte, toute sa vie avait été une tentative de se mettre en avant en persuadant les gens de certaines choses ; peu importait quoi. C’était ce qui l’avait tellement frappé chez Gandhi, sa capacité à convaincre ses semblables. Et c’était , sans doute, ce que James détestait chez lui ; Si on se libère de cette contrainte, songea Paul tout à coup, si on échappe à ce besoin de cajoler, de convaincre et de séduire, ce qui demeurera ce sera soi-même, ce que l’on est vraiment. »


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