Arundhati Roy - Le Dieu des petits riens

mardi 5 février 2013
par  Colette PISELLA


Arundhati Roy – Le Dieu des petits riens


« Ayemenem en mai est chaud et maussade. Les journées y sont longues et humides. Le fleuve s’étrécit, les corneilles se gorgent de mangues lustrées dans l’immobilité des arbres vert olive. Les bananes rouges mûrissent. Les jaques éclatent. Les grosses mouches bleues sont ivres et bourdonnent sans but dans l’air lourd et fruité.... »


Dès les premières pages ( le style est à couper le souffle !), on est désorientée, on ne sait plus si ce qui est raconté se passe dans le présent ou le passé, ni de quel personnage on décrit l’enfance ! Des petites touches, sans linéarité, pas circulaires non plus. Bref ! c’est la pensée indienne, en spirale, on ne revient kamis au point de départ. Une peinture également du sort réservé aux sans castes, aux femmes en général....

« - Ammu, s’il te plaît, dit Chacko d’une voix posée et sur un ton qui se voulait détaché, serait-ce un effet de ta bonté que de ne plus laisser ton cynisme complètement dépassé te dicter tes moindres réactions ? »

Un silence s’ensuivit, aussi lourd qu’une éponge gorgée d’eau. Les mots « complètement dépassé » avaient tranché dans le vif, aussi facilement qu’un couteau dans du beurre. Le soleil soupira dans un grand frisson. Toutes les familles connaissent ça : chacun appuie là où il sait faire mal, comme un docteur un peu sadique. »


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