J.C. Carrière ; A propos de Shiva

mardi 8 mai 2012
par  Colette PISELLA

 

 

J.C.Carrière & U. Eco : N’espérez pas vous débarrasser des livres

« Cette image de publication, diffusion, conservation et destruction est assez bien illustrée en Inde à travers la figure du dieu Shiva. Inscrit dans un cercle de feu, une de ses quatre mains tient le tambour au rythme duquel le monde a été créé, l’autre le feu qui va détruire tout l’ouvrage de la création. Les deux mains sont au même niveau. »

« C’est le retour de Shiva. Je vous ai parlé de deux mains sur quatre. Tout ce qui est né sera détruit. Mais la troisième main fait le geste de Abaya , qui veut dire « pas de peur »,car-quatrième main- « grâce à la force de mon esprit, j’ai déjà décollé un de mes pieds du sol ». C’est une des images les plus complexes que l’humanité nous ait données à interpréter. »

« Nous ne trouvons pas dans le monde indien cette idée d’associer le verbe au divin, ni même à la création. Tout simplement parce que les dieux eux-mêmes ont été créés. Au commencement vibre un vaste chaos traversé de mouvements musicaux ou de sons. Ces sons, finissent, après des millions d’années, par devenir des voyelles. Lentement elles se combinent, s’appuient sur des consonnes, se transforment en mots et ces mots se combinent à leur tour, composant les Védas. Les Védas n’ont donc pas d’auteur. Ils sont le produit du cosmos et font à ce titre autorité. Qui oserait mettre en doute la parole de l’univers ? Mais nous pouvons, et même nous devons, essayer de la comprendre. Car les Védas sont très obscurs, comme les profondeurs illimitées d’où ils sont nés. Il nous faut donc des commentaires pour les éclairer. Viennent alors les Upanishads et la deuxième catégorie des textes fondateurs de l’Inde, et enfin les auteurs. C’est entre les textes de la deuxième catégorie et les auteurs qu’apparaissent les dieux. Ce sont les mots qui créent les dieux. Pas l’inverse."


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